morts ? Ainsi raisonne mon maître. Et s’il manque une tête de génisse au recensement du soir, irai-je lui dire, pour excuse, que j’ai perdu mon temps à pleurer la mort d’un brillant chevalier ? »
— « Adieu donc ! répondit le noble Furious. Hommes que j’ai servis, race perverse et barbare, adieu ! Je ne veux plus de 438 maître. Avant la fin du jour j’aurai rejoint les chevaux sauvages qui voltigent et tourbillonnent dans les grandes savanes. »
Alors vous l’eussiez vu s’approcher de son maître mort et lécher ses paupières pâlies. Vous eussiez entendu ses hennissements suprêmes ;
… Et puis, dans le lointain, son galop sonore et le souffle de ses naseaux !
Non, jamais homme ne sanglota sur son frère mort, comme sur son maître, le beau cheval à la crinière d’ébène, Furious le Batailleur ! !
… Je rêve : — Cela ne fait de mal à personne, et cela me fait tant de bien ! — Ah laissez-moi rêver !
Je ne suis pas grand philosophe. Et cependant je me permets de rendre un culte aux morts, un culte de ma façon.
Et je le pratique ; et j’y trouve des compensations qui me rendent plus léger l’écrasant fardeau de ma vie monotone.