Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/275

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conseils. Mais revenez souvent au chevet de mon lit. Les nuits sont longues, noires et discrètes. Et leur silence me fait frémir. Car je connais la cruauté des hommes et leur soif de sang. »


… Je rêve : — cela ne fait de mal à personne, et cela me fait tant de bien ! — Ah laissez-moi rêver ! !


XX


Elle était de ce monde où les plus belles choses
Ont le pire destin ;xxxxxxxxxx
Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses,
L’espace d’un matin !xxxxxxxxxx
Malherbe.


Regardez la passer, la jeune fille aux yeux bleus, aux longs cheveux d’ébène, Sarah la poitrinaire !

Tristes sont ses traits délicats, mourante sa pauvre voix ! Elle marche sur les feuilles tombées, elle se plaît avec les vieillards, elle pleure en caressant un enfant ; les gens en santé lui font peur !

Souvent elle coupe une tresse de sa chevelure frissonnante pour l’envoyer aux plus joyeuses de ses compagnes. Quel autre présent pourrait faire son cœur, son cœur désolé ? !

Souvent, de ses doigts maigres, elle frappe sa poitrine creusée par le mal, comme elle l’a vu faire au froid consolateur de ceux qui vont mourir, à l’homme noir, au médecin !


… Un matin, nous nous promenions. Elle s’ap-