Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/322

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moignent ainsi que l’aspect de la ville qui n’est rien moins que manufacturier. Je ne suis ni statisticien, ni descriptif : c’est là mon moindre défaut. Qu’on vérifie donc mon assertion dans les traités économiques spéciaux et dans les guides du voyageur. Comme philosophe, 472 artiste et travailleur selon mon attrait, il me suffit de l’avoir présentée, certain que je suis de son exactitude.

Je veux établir davantage : à savoir qu’une industrie quelconque ne peut devenir florissante à Turin dans la situation présente de l’Europe centrale. En effet, comment cette ville rivaliserait-elle avec Gênes, la Suisse, l’Allemagne, la France et l’Angleterre dont les produits spéciaux suffisent amplement aux besoins de l’Occident ? Comment, pourquoi le ferait-elle sans être encouragée dans ses efforts par l’assurance de débouchés constants ?

L’industrie de Turin est donc forcément limitée à la satisfaction des besoins quotidiens et pressants de la population centrale des États-Sardes. Elle n’entreprend un peu grandement, elle ne peut vivre que grâce à la clientèle privilégiée du gouvernement ; elle est plutôt une fonctionnaire, une parasite qu’une travailleuse. Et malgré douanes et tarifs, la concurrence du dehors la ruine en approvisionnant le Piémont de tous les produits trop rares, trop coûteux pour être fabriqués avec peu d’argent et de matériel.

La consommation est par conséquent restreinte aux besoins habituels de la vie ; tout ce qui dépasse ces dépenses ordinaires est tiré du dehors.