Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/329

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dans le fer des coffres-forts, ou dans le plomb que leur enverra le gouvernement sarde en manière de secours ?

— Je fais observer qu’en ce moment je ne discute pas religion ou philosophie : je constate des faits. Est-ce ma faute s’ils ne sont pas à l’avantage de la très bourgeoise Civilisation du Capital ? —

Quant à la question de droit, si l’on me pressait tant soit peu de donner mon opinion, je la dirais. Je demanderais au gouvernement du comte Cavour qui l’autorise, lui défenseur de la propriété sacro-sainte, à dépouiller qui que ce soit d’une possession privilégiée légalement acquise ? Je lui demanderais si cet acte ne constitue pas un délit passible du code pénal ? Je sommerais les tribunaux vendus de requérir contre tous les fonctionnaires voleurs qui ont pris part à la spoliation des couvents. En dévalisant les congrégations, le ministère du roi garde n’a point détruit l’injustice ; il l’a fait tourner à son avantage et à celui de la bourgeoisie qu’il représente si dignement. Qu’importe, si fidèle à l’hypocrisie d’état, il a revêtu des beaux prétextes de droit populaire et de salut public une mesure de lâche brigandage, un vol qualifié, dicté par l’intérêt de parti ? La belle affaire, la grosse affaire en vérité, l’impérissable titre de gloire que cette risible expropriation de quelques pauvres diables de mendiants tonsurés ! Le problème plein de terreurs, l’unique et grand problème de nos temps, il est autrement haut ! Ni le pouvoir trembleur, ni l’opposition bavarde ne l’ignorent plus