Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cesse, jusqu’à ce qu’ils tombent de fatigue et de vieillesse anticipée !

La Blouse et l’Étendard noir : toute une devise qui serre le cœur, toute une légende de souffrances indescriptibles, de drames lugubres et ignorés !

Les drapeaux du roi s’avancent, du roi des Enfers !


Au milieu de leurs phalanges serrées, dans un large espace, sont étalés les instruments de leur supplice ordinaire : machines et roues, haches et faulx, monceaux de charbon, monceaux de plomb, monceaux de fer ! Tout autour sont rangés les invalides du travail, pauvres porteurs de haillons, exténués, chauves, boiteux, manchots, paralytiques, sourds, aveugles ou borgnes que le monde repousse ! Cyclopes déchus, ils sont armés de barres de fer pesantes qui remplacent, entre leurs mains débiles, la lance meurtrière des insolents prétoriens ! — La lance à la rouge oriflamme tachée du sang des braves qu’on mitraille dans les guerres civiles !

Les drapeaux du roi s’avancent, du roi des Enfers !


Au centre de l’enceinte trônent les tristes divinités du Prolétariat : la Peine, la Faim, la Fécondité maudite, l’Épargne ! Elles sont blêmes, hâves, amaigries, leurs dents sont longues, leurs mamelles flétries, leurs paupières cernées. Elles sont quatre, sur quatre chars.