Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


VII


« Pauvreté ! Pauvreté ! c’est toi la courtisane ;
C’est toi qui dans ce lit as poussé cet enfant
Que la Grèce eût jeté sur l’autel de Diane !
Regarde… »
Alfred de Musset.


486 Que peuvent-ils encore prendre à l’homme, ceux qui l’exploitent, après lui avoir dérobé son sommeil ? Ils lui voleront ce qu’il défend jusqu’à la fin, ce qui est plus précieux que le sommeil, ce qui est plus pur que le sang, ce qui est plus cher que tout : son très cher honneur !

Promenez-vous le soir par les rues où l’on flâne, dans les quartiers des lumières, des cafés somptueux, des magasins splendides. Vous y verrez les plus belles des femmes battre les murs de leurs bras avinés et colporter leurs corps à vendre dans des robes de soie, des robes magnifiques !

Ce sont les enfants de la Luxure, les naïades des égoûts, les prêtresses de la Vénus carthaginoise, les impudiques, les tristes, les marchandeuses, les revendeuses d’amour : les prostituées !

Ce sont les courtisanes des ombres, les belles de nuit, les folles, les vierges de cœur, les publiques de corps : les malheureuses contre lesquelles a tourné leur beauté !

Leurs mamelles sont comme un lit d’auberge sur lequel vient s’étendre chaque passant pressé