Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/355

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puisque rien ne peut le détacher de la propriété. Et moi, prophète, je dois annoncer aux hommes ce qu’ils ne voudront pas croire, ce qui les fera sourire ! — Qu’ils sourient donc !

Je le répète : les montagnes vont bondir comme des faons de biche et les vallées trembler comme des cavales vierges. Une révolution terrestre est imminente, en Europe tout d’abord.

Car nous sommes tourmentés dans le présent par une soif inextinguible de bonheur et poussés vers l’avenir par des aspirations incompressibles. Les ressources que nous finissons d’épuiser ne sont plus en rapport avec nos besoins qui croissent chaque jour.


Dans l’ordre matériel, la vitesse des chemins de fer, la lumière du gaz hydrogène carboné, les combustibles terreux et ligneux ne nous suffisent plus. Les récoltes manquent, les végétaux les plus utiles sont frappés de stérilité. Les animaux et les hommes succombent à des fléaux inconnus dans leur essence ; des perturbations extraordinaires s’observent pour les climats, les saisons, l’atmosphère. Il n’est pas un coin de terre qui ne soit cultivé, pas un filon de métal que n’ait exploré le marteau ; il ne reste plus une usine à bâtir.

Il faut que les monts s’abaissent, que les vallées s’élèvent, que le vieux Tellus incline davantage son échine pour que les rails de fer la parcourent librement d’un diamètre à l’autre. Il faut que les