Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/358

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que l’homme est petit quand il se mesure à l’immensité !

Revenons à la terre.


Il faut aussi que les sociétés s’élancent à toutes jambes dans l’orbe des révolutions qui retournent les mondes ; il faut qu’elles règlent leurs mouvements inaperçus sur ces cataclysmes gigantesques. Il faut que les empires et les royaumes disparaissent dans les fumées de la guerre, sous les chauds baisers du canon. — Je l’ai dit assez, et les faits le crient encore plus fort !

Il faut que les femmes se vendent à tout le monde et ne se donnent plus à personne ; il faut que toute inspection de police et de santé devienne impraticable sur les filles publiques. Il faut que l’argent perde sa valeur par sa banalité, et la femme son charme en se faisant vénale. Il faut que la prodigalité des courtisanes disperse les trésors entassés par l’Usure ! Il faut que la Prostitution étale ses appas à bon marché sur les places, au coin des rues, le long des bornes, dans les ornières des chemins, dans les clairières des bois, dans les vignes malades, sur les divans des palais et le foin des chaumières ! Il faut que nous revenions aux temps d’égalité fatale où elle sacrait François Ier et Lazare de sa rouge couronne ! !

Afin que toutes les créatures humaines rentrent dans leur droit d’aimer. Afin que des chansonniers réputés populaires n’aient plus l’impudeur de nous chanter sur un air sautillant les amours de Lisette.