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— Ses tristes amours, à la pauvre fille de l’ouvrier que le jeune bourgeois séduit, enlève, nourrit pendant cinq ans avec les maigres restes de ses épargnes, accable jour et nuit de sa mauvaise humeur, du poids de son orgueil ; et puis laisse tomber où tombent tôt ou tard tous les trésors perdus ! — Afin que l’excès de la Débauche nous ramène à la réserve séduisante de la Pudeur. Afin que la Corruption nous fasse désirer l’Amour. Afin que l’Ange de tendresse s’élève, en déployant ses ailes, du chaos infâme de la Prostitution ! !

Oui je le prédis, de l’abîme de misère et de gangrène où l’Humanité s’est laissé choir, elle ne remontera jusqu’à l’amour qu’en se prostituant. Et cela moins noblement cent fois que la 495 hideuse Messaline, l’abominable femme qui caressait des régiments entiers !

L’Enfer est sur la Terre !


IX


« Il y a tel homme qui a travaillé avec sa-
gesse, science et adresse, lequel cependant
laisse tout à celui qui n’a point travaillé. —
Cela aussi est vanité et un grand mal. »
Ecclésiaste.


Dans la famille du pauvre la souffrance est inépuisable comme la fécondité. Quand l’ouvrier se sent l’estomac vide d’aliments et plein d’angoisses, quand il s’est consumé tout le jour sur un