Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/393

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Le scalpel s’ébrèche, crie, grince sur les os de la tête. Eux y vont des deux mains.

Régalez-vous, Mesdames, voilà le plaisir !

Quand toutes ces préparations sont terminées, ils se divisent les sujets, leur coupent les membres, les éventrent, leur ouvrent la poitrine, frappent à coups de marteau redoublés sur les crânes 516 sonores, détachent la calotte osseuse avec des crochets de fer, passent leurs doigts sur le siège suprême de l’intelligence humaine, sur ce cerveau si fin dans sa structure merveilleuse. Ils le font macérer dans l’eau, durcir dans les acides ; ils le coupent par tranches, le détaillent, le morcellent l’émincent, le pressent entre deux verres pour le regarder au microscope, le réduisent en une pâte sanglante, horrible à voir, qu’ils emportent sous leurs ongles, et qu’ils vous présentent, au bal, en vous tendant la main !

En avant deux ! Régalez-vous, Mesdames, voilà le plaisir !

Ils enlèvent le nez et les oreilles, déchirent les muscles, tordent les entrailles, pincent les nerfs, brisent, torturent, hachent, dilacèrent, écartèlent, tenaillent chaque fibre du corps, mettent tout à nu : le sang, la chair, l’os qu’ils grattent, et la moëlle de l’os ; arrachent les dents, sortent la langue de la bouche et raclent les yeux ! — Les yeux si beaux ! !

Régalez-vous, Mesdames, voilà le plaisir !

Puis ils bourrent le grand poêle ronfleur de graisses, d’estomacs, d’intestins, de poumons et de