Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/394

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cœurs qui crient, se tordent, pleurent, gémissent, sanglottent en brûlant et portent jusqu’aux nuages leur noire fumée, leur repoussante odeur, afin de témoigner en haut des sacrilèges de l’homme !

Régalez-vous, Mesdames, voilà le plaisir !

Ils soufflent sur cet holocauste offert par eux aux Dieux des universités ; ils le font joyeusement flamber, y allument leurs pipes, se chauffent les mains, se frottent les jambes pour exprimer leur bien-être, et se lancent facétieusement à la tête des organes qui vivaient encore la veille ; ils s’en cachent dans les poches en manière de plaisanterie, posent leur pain sur leurs préparations, le portent à leur bouche avec leurs mains sanglantes. Et le reste des singeries… Rien n’est aimable comme les petits des bourgeois, les gracieux étudiants en médecine !

Si le cœur vous en dit, régalez-vous, Mesdames, voilà le plaisir !

Lorsqu’ils ont fini leur travail du jour, leur travail de fourmis, ils le cachent avec soin dans une poitrine ouverte et vide afin de le retrouver intact le lendemain, puis ficellent le tout, le couvrent d’un morceau de peau blanche, et s’en vont en chantant. De sorte qu’on peut voir, spectacle épouvantable ! des morts préposés par leurs bourreaux à la garde de leur propres débris ; des 517 morts qui font peur par l’expression de torture et de rage empreinte sur leurs traits ; des morts qui semblent se déchirer, se violer eux-mêmes, et souffrir de leur nudité bien plus que les vivants !