Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/398

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croix ; j’ai fait, je vous le jure, tout ce que pouvait ma force.

Si mes efforts ont été trahis par le dégoût, la fatigue et la longueur de la route, pardonnez, pardonnez-moi, mes frères, ne me retirez pas votre estime, ne me blâmez point !

Ah rude était la tâche ! déserte, inconnue la des-


    M. Desmarres. Je serais sûr du moins d’être utilement employé pour le progrès véritable de la science, et traité par eux avec tous les égards dus à mon bon vouloir.

    Combien d’amis de la bonne médecine et des bons médecins, combien de malades reconnaissants agiraient comme moi. N’avons-nous pas vu M. Orfila faire promener dans l’école sa popularité défunte et livrer son grand cadavre à ses chers étudiants ? Que d’hypochondriaques, d’esprits originaux, excentriques, observateurs et curieux voudront qu’on sache à quelles affections ils ont succombé, surtout quand les connaissances médicales, plus généralement répandues, permettront à chacun de risquer sur son mal une opinion personnelle. — J’affirme que ces donations satisferont, et au-delà, le zèle des plus zélés.

    En effet, si j’ajoute à cela la vulgarisation des découvertes du docteur Auzoux, la certitude que bien d’autres inventions de ce genre seront faites dans l’avenir et mises à la portée de toutes les intelligences, je forcerai les plus savants à convenir que les dissections peuvent être singulièrement restreintes. Elles deviendront pour l’étudiant un travail exceptionnel, destiné seulement à vérifier les données acquises dans les livres et près des cadavres artificiels. — Je fais toujours mes réserves pour les hommes spéciaux, habiles à découper ; il n’est pas prudent de chercher noise à ces gens-là.

    Ainsi seront épargnées aux jeunes gens ces études répugnantes et pénibles qui blasent leur cœur, matérialisent leur intelligence et trop souvent détruisent leur santé. Certainement il faut des anatomistes, des chirurgiens, des menuisiers et des micrographes. Mais pas trop n’en faut, comme dit la ritournelle de mon pays.