Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/407

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oasis ! Oh les grands détenteurs d’argent et de terre, les petits émules de ceux d’Irlande qui bannissent les 526 pauvres des magnificences de la nature, c’est ici surtout que je les maudis ! Non certes, ce n’est pas moi qui vous encenserai, riches industriels et agriculteurs de la pauvre Savoie.


22 juillet. — Au pas de lourds chevaux, sur un char d’épis d’or, l’Été bruni parcourt les champs…

Du haut des monts descend la fraîche Déesse, la Flore des Alpes, l’enchanteresse, la diaprée, qui lui tend les pans de sa robe gonflés de mille fleurs. Elle a recueilli le sainfoin écarlate, les labiées animées des abeilles, les orchis aux figures allégoriques, le chanvre aux enivrantes senteurs, la mélisse et le chèvre-feuille, la pervenche aux yeux bleus et l’églantier des bois.

Oh combien tu en as séduit, et des plus grands. Flore préférée des cieux, riche des trésors de tous les climats ! C’est toi qui portes dans les longues tresses de tes cheveux, de ta tête à tes pieds, la rose rouge des Alpes, l’étoile bleue du Saint-Bernard, la véronique des vallées, la germandrée du roc et les myosotis qui bordent les torrents. C’est toi qu’aimèrent Jean-Jacques, Candolle, Humboldt et Saussure, toi qui rends les sentiers de l’Exil moins déserts et ses heures moins longues à mon ami Vallier.


La robuste Cérès des plaines, l’Ondine voluptueuse des ruisseaux, la Naïade aux cheveux d’or,