Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/408

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qui se baigne près des rives du lac, se reposent des chaleurs sur les foins embaumés. Elles présentent à l’Été qui passe leur large corbeille aux couleurs changeantes. Là sont les trèfles à la corolle sucrée, les innombrables légumineuses dont les ailes blanches, bleues, jaunes et roses, se perdent dans les herbes comme autant de papillons. Là sont encore les renoncules touffues, les aigrettes aériennes des graminées, les pavots écarlates, les bleuets des blés, le tournesol gêné dans sa tournure de grand seigneur, les lys et les nénuphars aux couronnes d’or et d’argent, les hampes élancées du jonc, la marguerite qui sait les secrets de l’avenir, et la reine des jardins, l’adorée du rossignol, la rose…


Ils viennent aussi voir passer le char de leur grand ami, les oiseaux joyeux qui peuvent chanter toujours sans jamais se lasser de leurs chants.

« Salut ! disent-ils, Été béni qui nous donne la lumière et la chaleur, les longues matinées et les soirées rêveuses, les fruits 527 du cerisier, les groseilles rouges et blanches, la fraise des coteaux, le muguet des vallées, les grains, les bois, les haies, pour nous et les petits de nos amours.

» Nous sommes nombreux dans ce pays, nous y sommes heureux. Nous volons du marais au glacier, du mélèze au sureau, de l’abîme aux nuages ; nous peuplons tout, les herbes des prairies et les fentes des rochers. Notre vue peut saisir toutes les merveilles de la nature rassemblées autour de tes