Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/460

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sifs, ceux qui ont eu le feu aux jambes ; rosses d’abattage, ânes bâtés, mulets impérialement têtus : tous grands mangeurs d’avoine qui trotteront, sauteront, danseront, et braieront autant que l’on voudra pour avoir du son.

Tayaut ! Tayaut ! L’Empereur chasse.

Et piqueurs sont en selle. — Tayaut ! Tayaut ! — Piqueurs fourbus, ventrus, forcés, talés, tarés : Fialin et Magnan, Maupas et Castellane, et Morny l’intrépide ! Des salons et des tavernes, de toute cuisine et de tout cellier, de toute caserne et de toute alcôve tous sont venus, gueule béante, estomac vide. Piqueurs en bas à jour, en culottes de cuir, en blanc, en rouge, en vert, en violet et en tricolore. L’on ne tient pas en cour à l’opinion des bêtes. Tout roule bien. L’homme de Décembre se nomme le Lion !

Tayaut ! Tayaut ! L’Empereur chasse.

Et piqueurs sont en selle, fouets déployés, cors aux lèvres. — Tayaut ! Tayaut ! — « Allons ! les chiens au bois. Trouve, retrouve, amène, canaille ! Dénonce, trahis, mords, assomme. Tout est à nous, tout est pour nous. Vive la chasse ! »

Tayaut ! Tayaut ! L’Empereur chasse.


En avant ! Bêtes et gens, les unes portant les autres, se pressent, se frottent, se heurtent, grognent, se mordent, bondissent, hurlent et se réclament. — Tayaut ! Tayaut ! — On les schlague, on les débride, on les déchaîne : sergents de ville, gardes-champêtres, gendarmes à cheval et à pied,