Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/69

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que je revivrai. — Et la vie future de mes croyances n’est pas ce mirage désespérant au moyen duquel toutes les religions fascinent les esprits trembleurs.

Ô démonomaniaques, à un seul ou à plusieurs Dieux ! Adorateurs d’images, de fétiches, de plâtres, de mômies et de charognes, y avez-vous bien réfléchi ? L’éternité de l’existence sous l’œil d’un maître éternellement courroucé, vengeur éternellement, éternellement tout-puissant, c’est l’éternité du Supplice, c’est la fatalité du Mal.

Hélas ! Hélas ! Assez de chaînes pèsent sur nos membres déchirés ! Faut-il encore, de nos coupables mains, en forger de nouvelles ? Faut-il river à jamais celles de la terre à celles du ciel ?

Hommes ! j’en rougis pour vous, mais les oiseaux des champs vous donnent des leçons de courage. Car ils s’accoutument à la vue des épouvantails du paysan. Et vous, vous saluez humblement le prêtre noir qui passe, et vous vous agenouillez devant ses manitous, et vous leur engagez votre postérité par serments redoutables, dans les siècles des siècles. — Ô race humaine, ne pourrais-tu donc pas devenir aussi brave que la race des passereaux ?


XIX


Moi qui suis pétri comme vous d’argile mortelle, je me suis raidi contre le mauvais instinct qui nous livre à la Peur. Je me suis dit qu’à me-