Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/94

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peuple hurleur pour le salut 327 duquel il montait à la croix ! Celui qui reçut crachats et mains suantes sur sa face angélique ! Celui qu’on couvrit d’écarlate comme les fous des rois ! Celui qui gravit son long Calvaire, un roseau à la main, la fièvre froide au front, les pieds meurtris par les cailloux ! Celui qu’on cloua sur le bois de supplice, qu’on désaltéra de vinaigre, qu’on insulta pendant l’heure suprême de l’agonie ! La victime choisie des souverains sacrificateurs, des interprètes de la loi, des princes et des sages de ce temps-là ; d’Hérode, de Pilate et de Tibère César ! !

Salut ! Salut, Christ supplicié !


L’Homme, entendez-vous bien, et non pas le Seigneur. Mais le plus terrible adversaire de Dieu, l’audacieux briseur d’images qui chassa les marchands du temple, le géant rebelle qui reprit l’éternelle guerre contre l’éternel Ennemi, l’abaissa jusqu’à la terre, le saisit corps à corps, le démasqua, l’humilia dans la personne de ses prêtres, de ses lieutenants couronnés, de ses sicaires et de ses valets. Et puis se nomma Roi des Juifs, Fils de Jéhovah, Dieu, pour témoigner de sa victoire sur l’Inconnu parmi les générations à venir.

Salut, Christ ! Impitoyable révolutionnaire. Salut !

L’Homme, notre frère, celui qui habita parmi nous, sonda la société dans ses profondeurs, en éprouva les joies, en souffrit les souffrances ! Celui qui releva tout ce que le monde abaisse à plaisir :