Page:C6 - Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage d’Henri-Edgar Lavigueur, maire de la Cité de Québec BAnQ Québec E17S10D1661-918.djvu/4

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les troubles avaient commencé, qu’ils avaient pris Bélanger, qu’ils l’avaient tué, qu’ils étaient en frais d’aller le jeter à la dompe. J’ai immédiatement téléphoné au poste No pour avoir d’autres renseignements. Je n’ai pas pu avoir le poste No. J’ai téléphoné chez M. Louis Létourneau le député de Québec Est, qui demeure à proximité je crois du poste No afin d’avoir d’autres renseignements, et M. Létourneau m’a répondu qu’il partait ― le chef était chez M. Létourneau, le Docteur Martin, l’échevin Martin, qu’il partait, qu’il avait entendu dire qu’ils venaient de poigner Bélanger. J’ai retéléphoné ― on m’avait dit aussi qu’on avait assommé le détective, le constable Éventurel de la police fédérale. J’ai téléphoné chez Éventurel et Madame Éventurel m’a répondu elle-même que M. Éventurel venait d’arriver chez-lui ; qu’il avait été battu, maltraité, mais qu’il ne semblait pas avoir de blessures graves ; que son médecin même n’avait pas jugé à propos de se rendre le voir en disant qu’il le verrait le lendemain matin. J’ai immédiatement téléphoné chez le Docteur Fortier dans la rue de la Couronne. Le Docteur Fortier m’a dit que Bélanger avait été rentré là et qu’il lui avait donné les premiers traitements, qu’il était mortellement blessé et qu’il venait de l’envoyer à l’Hôtel Dieu. J’ai téléphoné à l’Hôtel Dieu afin de me renseigner sur l’état de Bélanger et là une sœur m’a répondu que Bélanger n’était pas aussi gravement blessé qu’on semblait le croire ; il était debout et il se préparait pour s’en retourner chez lui. J’ai rappelé le Capitaine Desrochers et je lui ai fait part de la chose. Le Capitaine Desrochers m’a dit que les troupes étaient parties pour St.-Roch. Dans ce moment là j’ai téléphoné de nouveau à St.-Roch, à l’Hotel St.-Roch, deux ou trois fois, pour savoir ce qui se passait. On m’a dit après ça que tout était rentré dans le calme, qu’ils ne voyaient plus personne sur la rue.


Q. C’est tout pour ce soir là ?


R. C’est tout pour ce soir là.


Q. Quand vous avez été au poste de police, M. Lavigueur, la première fois, quand vous avez harangué la foule, avez-vous entendu des cris dans la foule, des menaces, — est-ce qu’on disait pourquoi on s’était porté à ces excès là ?


R. Oui.


Q. Est-ce qu’on a donné des raisons pour ça ?


R. Oui, on en voulait à Bélanger.


Q. Pourquoi ?


R. J’ai entendu dire même qu’on voulait prendre Bélanger pour le lyncher.


Q. A-t-on dit pourquoi, pour quelles raisons ?


R. Non je n’ai pas entendu de raison, mais probablement, j’ai vu des gens qui me disaient : ils en veulent à Bélanger, parce que Bélanger agit mal, il a maltraité les gens. Ça m’a répondu ça.


Q. Comme spotter ?


R. Comme spotter oui. — on m’a raconté de quelle façon s’était faite l’arrestation du jeune Mercier.