Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/111

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Il avait bien d’autres phobies encore, celles-ci assez innocentes : il n’aurait pas donné une pièce blanche ou même un sou qui fût d’une propreté douteuse. Il ne se servait des monnaies qu’après les avoir consciencieusement fourbies avec un morceau de flanelle ; puis, il les enveloppait dans du papier et, en attendant de s’en servir, les enfermait dans un endroit sûr et qu’il était seul à connaître : il les y oubliait, d’ailleurs, et ce fut une surprise heureuse pour ses héritiers, qui en découvrirent dans tous les coins.

Il avait une autre habitude bizarre : quand il portait un manuscrit à l’imprimerie, il avait la précaution de tirer de sa poche une petite brosse et, avant de remettre la feuille au compositeur, il l’époussetait soigneusement.

Il n’aimait pas se fixer, changeant souvent de logement, mais sans tout à fait abandonner celui qu’il venait de quitter. Il payait régulièrement ses locations, recommandant qu’on ne touchât à rien, qu’on laissât tout dans l’ordre, nous devrions dire dans le désordre qui y régnait. Il eut ainsi, à Édimbourg, plusieurs pièces où, selon son expression, « il neigeait » des livres et des journaux.

Tous les meubles étaient envahis par cette marée montante : il y en avait sur les chaises, il y en avait sur le lit ; puis, quand les meubles n’en pouvaient plus contenir, le plancher en était inondé à son