Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/121

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de Quincey sont un composé trop complexe pour qu’on puisse toujours faire la part du vrai et du faux ».

On relève d’abord chez lui plusieurs contradictions. Dans la préface des premières éditions des Confessions, en 1821, il prétend avoir renoncé à tout jamais à l’usage de l’opium ; or, en 1856, il avouera qu’il n’a jamais, en réalité, cessé de prendre de l’opium. À quelle époque a-t-il dit la vérité ?

Tantôt il déclare que l’opium a une influence néfaste sur l’intelligence ; tantôt qu’il introduit l’ordre et l’harmonie dans les facultés intellectuelles ; auquel devons-nous entendre ?

S’il fallait l’en croire, l’exaltation due à l’opium ne serait jamais suivie de dépression, ce que démentent toutes les observations d’opiophages. « L’opium ne produit ni l’engourdissement, ni l’inaction, mais, au contraire, fait courir les carrefours et les théâtres. » Voilà qui est, assurément, du neuf.

Son intelligence, à croire certaines autres de ces assertions, serait devenue incapable d’efforts suivis ; or, il n’a guère cessé d’écrire des livres ou des articles de revue. Rien de mieux démontré que la diminution de la mémoire chez les mangeurs d’opium ou les morphinomanes : Thomas de Quincey a conservé la sienne intacte ; il était prodigue de citations, en prose comme en vers, et non seulement dans sa langue native, mais en grec et