Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/122

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en latin, langues qu’il possédait à fond. « Des vers lus une seule fois lui remontaient à l’esprit au bout de vingt ans, et cela jusqu’à la fin de sa longue existence, lorsqu’il eut derrière lui plus d’un demi-siècle d’opium. »

Il y a plus. Quel médecin ignore que l’opium, absorbé à hautes doses et pendant longtemps, conduit à une vieillesse prématurée, à une cachexie, dont le Dr Jeanselme a donné un saisissant tableau ? Par un privilège dont bien peu se pourraient targuer, Thomas de Quincey, septuagénaire, avait conservé une vivacité de jeune homme : à l’âge de soixante-dix ans il parcourait la distance de sept milles (un peu plus de onze kilomètres) comme en se jouant. Un de ses amis a raconté que faisant un jour une excursion avec Quincey, les voyageurs eurent à gravir une colline ; alors que la plupart anhélaient, Quincey, qui avait alors dépassé sa soixante-dixième année, prit bientôt la tête de la troupe, marchant plus vite que tous, « grimpant comme un écureuil ».

De la connaissance de ces faits, une conclusion se dégage : c’est, ou que de Quincey a sciemment altéré la vérité ; ou que son laudanum avait une teneur en opium particulièrement faible.

Que Quincey ait menti de propos délibéré, il existe un fragment de ses propres écrits où il le