Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/137

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et dont le « rugissement » rappelle au poète le Cocyte des Grecs. Séduit par un beau paysage, il croyait enfin avoir abordé au paradis de ses rêves. Mais cette atmosphère de calme, tout en détendant ses nerfs, l’avait rendu inapte à tout travail : il se trouvait frappé de stérilité intellectuelle, sa faculté de conception était comme paralysée.



LA DEMEURE DE WORDSWORTH ET LES LACS
(Extrait du « Voleur » 1861)

À ce moment semblent avoir éclaté les premiers symptômes de cette maladie difficile à caractériser, qui n’était pas, à véritablement parler, de la neurasthénie, mais se traduisait par l’impuissance, par le désespoir de ne pouvoir créer. C’est alors que Coleridge recourut de nouveau aux excitants factices, qu’il se remit à prendre de l’opium, dont progressivement il augmentera les doses, pour tâcher de surmonter cet état de dépression auquel il s’abandonnait sans résistance.

Entre temps, il était repris de douleurs mal définies, qu’il attribuait à l’humidité du climat et qui probablement étaient de nature rhumatismale ; une conjonctivite, vraisemblablement de même origine, lui rendait la lecture autant que l’écriture pénible. Ses idées volontaires passaient, dit-il, devant lui à chaque minute, « plus ou moins transformées en hallucination ». Était-ce l’influence du narcotique ? Ce trouble de la vision en était-il indépendant ? La chose est malaisée à déterminer, faute d’une confession plus étendue. Tout ce que nous savons,