Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/138

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par des relations contemporaines, c’est qu’en 1802 — la date est précise — Coleridge se rendit insupportable à ses amis par ses excentricités. « Jamais il ne fut aussi près de la folie. Il faisait des centaines de kilomètres à pied pour forcer sa maladie, ce rhumatisme réel ou imaginaire, à se porter aux extrémités et redoutait les horreurs du sommeil à tel point qu’il s’efforçait de se tenir éveillé trois nuits sur quatre[1]. »

Au mois de janvier de l’année suivante, Coleridge nous informe que pour se remettre d’une indisposition causée par le froid, il s’est contenté de prendre de l’éther, et qu’il en a obtenu « un résultat merveilleux ». Il a renoncé, provisoirement, aux préparations opiacées, depuis que son indisposition a pris les caractères d’un asthme, « état dans lequel l’opium ne produit que des effets désagréables ». Enregistrons ce demi-aveu : s’il mentionne cette particularité, c’est qu’il a, pour une fois, dérogé à une habitude invétérée. Cette manie de se droguer n’avait pas, du reste, échappé aux amis qui l’observaient ; l’un d’eux écrivait à ce sujet : « Coleridge se drogue pour des malaises qui énerveraient n’importe qui au point de le pousser à se droguer. » Ici encore nous avons la preuve que Coleridge fut amené à devenir opiophage autant

  1. Campbell, cité par Aynard.