Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/150

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missante, d’une constitution frêle, la mort de sa mère — qui mourut en couches — l’affecta profondément ; bien des années plus tard, il en avait conservé le souvenir assez vivace pour en souffrir comme au lendemain de l’événement.

Il n’avait pas quitté le deuil qu’on le mettait en pension dans une école publique où il devint bientôt le souffre-douleur de ses camarades. L’un d’eux, surtout, exerçait sur le pauvre petit être un tel empire, lui inspirait un effroi tel, qu’il n’osait lever les yeux sur lui « plus haut que les genoux, et le connaissait mieux par ses boucles de souliers que par aucune autre partie de son habillement ».

Il subit ce martyre pendant deux ans ; au bout de ce temps, il quittait la pension pour raison de santé : des « taches » ayant paru sur ses yeux, il fut soumis chez un oculiste à un traitement qui ne produisit par une notable amélioration.

De ce temps date l’habitude qu’il prit de se replier sur lui-même, de s’isoler de ses camarades, pour s’abîmer dans ses pensées et tomber dans cet état de mélancolie dépressive, qui ira en s’exagérant.

Vers la même époque apparaît ce qu’on pourrait appeler sa première crise de mysticisme, qu’il a rapportée plus tard avec les circonstances qui l’avaient fait naître.

Se promenant un soir dans le cimetière de Sainte-