Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/152

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soulagement à cette maladie des nerfs et de l’âme, qui ira en s’exaspérant.

Il avait atteint sa trente-deuxième année sans avoir de situation ; et du modeste patrimoine dont il avait hérité il ne lui restait à peu près rien : il était temps d’aviser.

Un de ses parents lui ayant offert la place de « secrétaire aux journaux » à la Chambre des Lords, il l’accepta sans trop de réflexion, comme on saisit l’unique planche de salut qui s’offre à vous quand on est près de sombrer. Il avait compté sans sa maudite organisation nerveuse. À la pensée qu’il devait paraître et parler en public, qu’il lui faudrait subir un examen, il fut pris d’une sorte d’angoisse ; pendant six mois il fit effort pour se préparer à cette épreuve ; mais une fièvre le saisit qui l’empêchait de comprendre ce qu’il lisait ; bientôt il se crut en butte à un complot ; ses concurrents s’étaient concertés pour lui ravir la place qu’il convoitait. Ses sensations étaient celles « d’un homme qui monte sur l’échafaud, toutes les fois qu’il mettait le pied dans le bureau ; pendant six mois il y vint tous les jours ».

Dans cet état, il avait de tels accès de désespoir que seul dans sa chambre il poussait des cris, maudissant l’heure de sa naissance et levant les yeux au ciel, « non pas en suppliant, mais avec un esprit