Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/21

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l’heureuse disposition, je pourrais dire dans la constellation favorable, où l’esprit passe de la période d’incubation à celle de création, une boisson spiritueuse imprime aux idées un mouvement plus vif. La comparaison qui me vient à l’esprit n’est pas bien noble ; mais de même qu’une roue de moulin travaille plus vite quand le torrent grossit et augmente de force, de même quand l’homme se verse du vin le mouvement intérieur prend une allure plus rapide. »

Le vin ne suffisant pas toujours pour accélérer le mouvement du moulin, force est de recourir parfois à un liquide plus corsé. Le bol de punch, par exemple, permet de contempler « le combat entre les salamandres et les gnomes qui habitent dans le sucre (sic) ». Mais ce n’est que par exception et comme ressource suprême : le vin a les préférences de l’artiste, du littérateur ; encore faut-il en distinguer les divers crus, déterminer par l’expérience lesquels feront naître les œuvres légères, lesquels les travaux profonds. Et Hoffmann de recommander, avec une gravité toute professorale, pour la musique d’église les vins vieux de France ou du Rhin ; pour l’opéra sérieux, le meilleur bourgogne ; pour l’opéra-comique, le champagne ; pour les canzonettas, les vins chaleureux d’Italie ; enfin, pour une composition romantique, comme le Don Juan, un verre modéré de la boisson issue du