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« combat entre les salamandres et les gnomes ».

Gardons-nous d’assimiler Hoffmann à l’ivrogne vulgaire qui s’abandonne bestialement à sa passion ; quand il se jugeait assez excité pour le travail qu’il avait projeté, généralement il s’arrêtait ; mais, comme tous les alcooliques, il en arriva peu à peu à ne plus pouvoir résister au penchant qui l’entraînait ; sa volonté devint de plus en plus débile. Prédisposé, d’autre part, de par son hérédité, il fut, de bonne heure, atteint de troubles nerveux, préparant un terrain excellent pour d’autres troubles sensoriels qu’allait faire naître chez lui l’usage des boissons spiritueuses.

Le journal qu’Hoffmann commençait à rédiger en 1804 montre qu’à cette date il était déjà sujet à des obsessions délirantes.

Il écrivait le 6 janvier 1804 :

« Tous mes nerfs excités avec du vin épicé. Pensées de mort. Fantômes. »

Entre temps, il contractait une fièvre continue, de nature typhoïde, qui le tint plusieurs semaines alité et qui s’accompagnait de délire violent. « Il avait, nous dit l’un de ses biographes[1], des cauchemars qui le plongeaient dans une irritabilité extrême. Les amis qui le veillaient devenaient

  1. Hitzig, Auf Hoffmanns Leben und Nachlass. Berlin, 1823 ; Stuttgard, 1839.