Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Passons sur cette pathogénie fantaisiste et ne retenons que les indications fournies sur l’état de l’intéressant patient.

Les praticiens insulaires, n’y voyant goutte, avaient prescrit la thérapeutique la plus inopportune : la saignée et la diète, en particulier. Le laitage fut essayé sans plus de succès… Chopin continuait à tousser et à étouffer. On fit mander successivement un médecin, puis un second, puis un troisième, « tous plus ânes les uns que les autres ». N’allèrent-ils pas répandre dans toute l’île que Chopin était atteint de tuberculose ! Et George Sand de s’indigner contre ces bélîtres qui sont la cause qu’on les traite désormais en pestiférés.

Les habitants se détournaient de la maison habitée par les étrangers, comme d’une ladrerie. Pour tout Majorquais, la contagion de la phtisie était un dogme et ils n’avaient pas attendu que cette notion fût proclamée par les corps savants pour prendre les mesures nécessaires de prophylaxie. Le propriétaire du logis qui abritait le couple irrégulier mit en demeure ses locataires d’aller chercher un autre gîte ; il ne parlait de rien moins que de sacrifier aux flammes « le mobilier luxueux dont il avait eu la faiblesse de leur octroyer l’usage ». Finalement il consentit à se laisser fléchir, moyennant finances. Il était temps de transiger, car M. Vautour menaçait d’intenter un procès pour obliger « à recrépir sa