Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/251

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La famille de Gogol compte dans ses ascendants de ces Cosaques zaporogues, « recrutés parmi des brigands et des serfs fugitifs, toujours en guerre contre tous, sans autres lois que celle du sabre ». Ses instincts errants, son goût de l’aventure et du merveilleux, le romancier, selon toute vraisemblance, les a pris, pour la grande part, à cette source. C’est le sang des Cosaques, de l’aventurier errant, qui s’atteste chez lui, par un brusque retour d’atavisme, un jour où ayant reçu de sa mère une somme destinée à libérer la maison paternelle d’une hypothèque, le jeune Nicolas se jette sur un bateau en partance, pour fuir n’importe où, devant lui, sans but déterminé. Le précoce vagabond descendit à la première escale, erra dans la ville jusqu’à épuisement du contenu de sa bourse et, guéri momentanément de ce court accès d’humeur voyageuse, reprit, un peu désabusé, le chemin de Pétersbourg. Plus tard, nous aurons à noter d’autres fugues, plus lointaines, qui nous permettront de le ranger dans la catégorie de ceux que les spécialistes sont décrits sous l’étiquette de dromomanes ; mais avant d’arriver là, nous allons poursuivre l’étude bio-psychologique de ce personnage complexe ; aussi bien y serons-nous aidé par les nombreux travaux d’exégèse qui lui ont été consacrés.

Nikolaï Vassiliévitch Gogol naquit dans un bourg