Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/32

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Hoffmann ; il les a scrutés avec une parfaite clairvoyance et il a discuté avec une rare pénétration la plupart des problèmes qui préoccupent actuellement le monde scientifique. L’idée particulière qu’il se faisait du monde des esprits est nettement définie dans le passage suivant :

« On ne saurait nier l’existence du monde surnaturel qui nous environne, et qui se révèle souvent à nous par des accords singuliers et des visions étranges. La crainte, l’horreur que nous éprouvons alors tient à la partie terrestre de notre organisation : c’est la douleur de l’esprit, incarcéré dans le corps qui se fait sentir… Peut-être est-ce la punition que nous réserve la nature, dont nous tendons sans cesse à nous éloigner, comme des enfants ingrats. Je pense que, dans l’âge d’or, lorsque notre race vivait dans une bienheureuse harmonie avec toute la nature, nulle crainte, nul effroi ne venait nous saisir, parce que, dans cette paix profonde, dans cet accord parfait de tous les êtres, il n’y avait pas d’ennemi dont la présence pût nous nuire. »

Hoffmann justifie, une fois de plus, le titre de « voyants » donné aux poètes ; que de sensations n’a-t-il pas ressenties, dont on cherche aujourd’hui une explication scientifique et dont, demain peut-être, la cause profonde sera découverte ! Ainsi a-t-il souvent éprouvé la sensation du « déjà