Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/370

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trois pages où perce tout à coup ce que Sainte-Beuve eût appelé une pointe de sadisme[1] ».

De cette appréciation de M. de Vogüé, il n’est pas indifférent de rapprocher cette opinion d’un critique russe : « La cruauté et la férocité, écrit Michaïlovsky, ont, de tout temps, attiré l’attention de Dostoïevsky, et surtout par le charme qui leur est adhérent, par la volupté contenue dans la souffrance. Il s’attachait à rechercher la volupté charnelle dans la torture et la souffrance. Cette spécialité de Dostoïevsky n’est que trop évidente, elle saute aux yeux. Il en fut, d’ailleurs, lui-même un échantillon des plus remarquables. Il comprenait d’une façon surprenante la jouissance étrange, bestiale, mais certainement très grande, que certaines gens trouvent dans la cruauté inutile[2]. »


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De tout ceci, ne résulte-t-il pas que Dostoïevsky était bien l’homme de son œuvre, qui le reflète jusque dans ses tares ?

Son portrait physique, celui qui nous est restitué par ceux qui l’ont approché, répond bien à l’idée que nous nous en faisons ; il est bien tel que nous

  1. Revue des Deux-Mondes (étude du vicomte de Vogüé), 15 janvier 1885.
  2. Archives d’anthropologie criminelle, 1904, t. XIX, 34.