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Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/371

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le devinons, à travers les personnages qui l’incarnent.

« Petit, grêle, tout de nerfs, usé et voûté par soixante mauvaises années[1] ; flétri… plutôt que vieilli, l’air d’un malade sans âge, avec sa longue barbe et des cheveux encore blonds… le nez écrasé, de petits yeux clignotants sous l’arcade, brillant d’un feu tantôt sombre, tantôt doux ; le front large, bossué de plis et de protubérances, les tempes renfoncées comme au marteau ; et tous ces traits tirés, convulsés, affaissés sur une bouche douloureuse. Jamais… sur un visage humain, pareille expression de souffrance amassée ; toutes les transes de l’âme et de la chair y avaient imprimé leur sceau. Les paupières, les lèvres, toutes les fibres de cette face tremblaient de tics nerveux[2]. »

Nerveux et saccadé, il y avait de l’inquiétude en tous ses gestes ; parfois, son attitude lasse trahissait un morne abattement.

  1. Nous avons tout lieu de présumer que Dostoïevsky mourut tuberculeux. « Je suis brûlé par une fièvre intérieure, écrivait-il bien des années avant sa mort ; j’ai des frissons de fièvre chaque nuit et je maigris affreusement. » Au commencement de l’année 1881, il fut atteint d’une violente crise d’emphysème, conséquence d’une bronchite catarrhale, dont il souffrit pendant les neuf dernières années de sa vie. À la fin, il eut des hémoptysies, et mourut par suite de la rupture d’une artère pulmonaire : apoplexie pulmonaire ? anévrisme de Rasmussen ? les détails manquent pour établir un diagnostic précis.
  2. M. de Vogüé, loc. cit.