Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

mandes[1] ont publié dans quelle fâcheuse situation il se trouve présentement, Heine a imaginé de persuader sa vieille mère que le faire passer pour mourant était « une ingénieuse spéculation de l’invention de son libraire » ! Le médecin qui le soigne lui a, d’ailleurs, promis que grâce à une infusion d’herbes dont il prend régulièrement, il guérira radicalement.

Hélas ! l’infusion du Dr Sichel, l’éminent oculiste, qui devait opérer des miracles, n’eut pas l’effet attendu, pas plus que ne le soulagera le traitement hydrothérapique prescrit par le docteur Wertheimer[2].



ÉTABLISSEMENT THERMAL DE BARÈGES
(d’après une litho de 1830 — Collection de l’auteur)

  1. Il envoyait aux feuilles allemandes des rectifications d’une gaieté sinistre, d’une amertume féroce, par exemple :
    « Je laisse indécise la question de savoir si l’on a nommé ma maladie par son véritable nom, si c’est une maladie de famille, une maladie que l’on doit à sa famille — ou l’une de ces maladies privées dont l’Allemand établi à l’étranger a d’ordinaire à souffrir ; si c’est un ramollissement français de la moelle épinière ou une phtisie allemande de l’épine du dos ; — je sais seulement que c’est une très affreuse maladie qui me met nuit et jour à la torture et a sérieusement ébranlé non pas seulement mon système nerveux, mais encore mon système de pensées. Dans certains moments, surtout quand les crampes font un vacarme par trop douloureux dans ma colonne vertébrale, je sens palpiter en moi un doute sur la réalité de ce que m’assurait, il y a vingt-cinq ans, à Berlin, feu le professeur Hegel, que l’homme est vraiment un dieu à deux jambes… »
  2. Un jour, ce célèbre hydropathe étant allé voir Heine, lui dit qu’il était mal soigné ; la femme du poète, l’irascible Mathilde, ayant ouï le propos, attendit le docteur à la porte