Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/79

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épais, quelquefois frisé, d’autre fois plat ; ils avaient des barbes comme les chèvres, une longue bande de poil tout le long de leur dos et sur le devant de leurs pieds et de leurs jambes ». Ces êtres répugnants, ce sont les yakows, qui ont tous les vices et toutes les laideurs, mais qui l’emportent néanmoins encore sur les hommes, « dont la misérable raison a empiré ces vices », et qui constitue bien « la plus pernicieuse race d’odieuse petite vermine que la nature ait jamais laissé ramper sur la surface de la terre ».



SWIFT
(Collection de l’auteur)

Ce pessimisme foncier, cette misanthropie farouche, où Swift en avait-il puisé les germes ? On ne naît pas généralement avec cette âcreté d’humeur, cette rudesse réfléchie, qui trouve une amère jouissance à contrarier, à se plaire dans la contradiction : cette brutalité consciente, qui n’entend se plier à aucune concession, on ne la trouve pas dans son berceau : c’est la vie, la vie mauvaise, avec ses déceptions et ses humiliations, qui les fait naître. Ce cynisme hardi, qui sert, chez notre pamphlétaire, de voile à de secrètes amertumes, il ne l’a qu’à la longue acquis. Les souffrances, les rancœurs de sa jeunesse ont, à coup sûr, influé sur son caractère, l’ont façonné, l’ont modelé et ont amené à leur paroxysme les manifestations d’une prédisposition à l’amertume.

Sa première révolte date du temps où, pauvre