Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/118

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L’histoire des affections hypocondriaques n’a jamais été traité dans cet esprit ; mais pour peu qu’on soit au fait des singularités que ces maladies présentent, il est facile de sentir que rien ne met plus à nu l’artifice physique de la pensée. Et quant à la rage, je me borne, pour ce moment, à la remarque de Lister, qui dit avoir vu souvent les hommes mordus par des chiens attaqués de cette maladie, prendre, en quelque sorte, leur instinct, marcher à quatre pattes, aboyer, et se cacher sous les bancs et sous les lits. Cette remarque avoit été faite long-temps avant Lister : mais il l’a confirmée de son témoignage et de l’autorité de plusieurs excellens observateurs. Nous avons eu dans mon département[1], une occasion bien funeste de la vérifier. Soixante personnes avoient été mordues par un loup, ou par des chiens, des vaches, des cochons, qui l’avoient été eux-mêmes par ce loup enragé. Un grand nombre de ces personnes imitoient, dans la violence de leurs accès, les cris et les attitudes de l’animal qui les avoit mordues ; et elles en manifes-

  1. La Corrèze.