Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/171

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le sein de sa nourrice ; il le presse de ses mains débiles, pour en exprimer le fluide nourricier, il saisit et suce le mamelon.

Sans doute, citoyens, la succion ne doit pas être regardée comme un grand phénomène dans l’économie animale : mais son mécanisme est très-savant aux yeux du physicien ; et c’est toujours une chose bien digne de remarque, qu’un être exécutant des mouvemens aussi compliqués, sans les avoir appris, sans les avoir essayés encore. Hippocrate en étoit singulièrement frappé : il concluoit de-là que le fœtus a déjà sucé l’eau de l’amnios dans le ventre de la mère. Mais ce grand homme ne faisoit ainsi que reculer la difficulté. D’ailleurs, comme la respiration est nécessaire à la succion, et que certainement, malgré les contes populaires, répétés par quelques accoucheurs et anatomistes, le fœtus enveloppé de ses membranes, et plongé dans un liquide lymphatique, ne respire pas : cette explication, ou toute autre du même genre, est entièrement inadmissible.

Une chose plus digne encore d’être remarquée, quoique peut-être on la remarque moins, ce sont toutes ces passions qui se