Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/172

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succèdent d’une manière si rapide, et se peignent avec tant de naïveté sur le visage mobile des enfans. Tandis que les foibles muscles de leurs bras et de leurs jambes savent encore à peine former quelques mouvemens indécis, les muscles de la face expriment déjà par des mouvemens distincts, quoique les élémens en soient bien plus compliqués, presque toute la suite des affections générales propres à la nature humaine : et l’observateur attentif reconnoît facilement dans ce tableau, les traits caractéristiques de l’homme futur. Où chercher les causes de cet apprentissage si compliqué, de ces habitudes qui se composent de tant de déterminations diverses ? Où trouver même les principes de ces passions, qui n’ont pu se former tout à coup ; car elles supposent l’action simultanée et régulière de tout l’organe sensitif ? Sans doute ce n’est pas dans les impressions encore si nouvelles, si confuses, si peu concordantes, des objets extérieurs. On sait que l’odorat n’existe point, à proprement parler, chez les enfans qui viennent de naître ; que leur goût, quoiqu’un peu plus développé, distingue à peine les saveurs ; que leur oreille n’entend presque