Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/243

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continuel de mobilité. Sensibles à toutes les impressions, ils obéissent à toutes en même temps ; et comme elles se multiplient sans terme et sans relâche, ils paroissent ne savoir à laquelle entendre. J’ai vu des femmes vaporeuses, et même quelques hommes hypocondriaques, sur-tout de ceux dont l’état tient à l’abus des plaisirs de l’amour, qui tressailloient au moindre bruit, que le moindre mouvement exécuté devant eux, mettoit dans une véritable agitation. Chez Mesmer, quelques-unes des femmes éminemment nerveuses, dont son baquet étoit le rendez-vous, sembloient dans l’impossibilité de voir faire un geste sans en être émues. Les médecins hollandais et anglais nous ont conservé l’histoire d’un homme si mobile, qu’il se sentoit forcé de répéter tous les mouvemens et toutes les attitudes dont il étoit témoin : si alors, on l’empêchoit d’obéir à cette impulsion, soit en saisissant ses membres, soit en lui faisant prendre des attitudes contraires, il éprouvoit une angoisse insupportable. Ici, comme on voit, la faculté d’imitation se trouve portée jusqu’au degré de la maladie : et quoique cette faculté soit la principale source de notre perfectionnement, il est aisé de sentir