Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/274

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savourer ces mêmes impressions, que les distinguer ; en être affecté, que s’en faire des images bien distinctes.

C’est par la vue et par l’ouïe, que nous viennent les connoissances les plus étendues : et la mémoire de ces deux sens est la plus durable, comme la plus précise. Une circonstance particulière donne à l’ouïe, beaucoup d’exactitude ; c’est la propriété de recevoir et d’analyser les impressions du langage parlé. Les sons que produit le larynx de l’homme tiennent à son organisation : les cris qu’il pousse pour exprimer sa joie, ses peines, et ses différens appétits, sont spontanés, comme les premiers mouvemens de ses muscles ; c’est un instinct vague qui les détermine. Il n’en est pas ainsi de la parole : parler est un art qu’on apprend lentement, en attachant à chaque articulation un sens convenu. Or, l’on apprend à parler par le moyen de l’oreille : sans son secours, nous ne pourrions tenter cet apprentissage ; nous n’aurions même aucune idée des sons articulés qu’il a pour but de nous accoutumer à reproduire, en y attachant les idées, ou les sentimens dont ils sont les signes convenus. L’oreille est donc obligée ici de peser sur