Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/381

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même, et qu’il contracte de nouvelles habitudes, dont la liaison est évidente avec les impressions insolites que ces sens commencent alors à recevoir. La pratique de la médecine nous prouve par des exemples journaliers, que les affections des différentes parties influent de la manière la plus directe, sur les goûts, sur les idées, sur les passions. Dans les maladies de poitrine, les dispositions morales ne sont point du tout les mêmes que dans celles de la rate, ou du foie. On a plus, ou moins de pente vers un certain ordre d’idées, ou de sentimens (comme, par exemple, vers celui qui se rapporte aux croyances religieuses), dans certains états particuliers de langueur, que dans d’autres : et la plus grande aptitude aux travaux qui demandent, ou beaucoup de force et d’activité dans l’imagination, ou des méditations opiniâtres et profondes, dépend souvent d’un état maladif général, introduit dans le système, par le dérangement des fonctions de quelques viscères abdominaux.

Ainsi donc, que des organes douées d’une sensibilité singulière, exercent un empire très-étendu sur l’organe général de la vie, rien de plus conforme aux lois de l’économie