Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/411

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sa place, elle paroît sentir avec l’enfant, ou le malade ; elle entend le moindre cri, le moindre geste, le moindre mouvement du visage, ou des yeux ; elle accourt, elle vole ; elle est par-tout, elle pense à tout ; elle prévient jusqu’à la fantaisie la plus fugitive : et rien ne la rebute, ni le caractère dégoûtant des soins, ni leur multiplicité, ni leur durée.

Or, ces qualités touchantes de la femme, dépendent nécessairement du genre de sensibilité que nous avons dit lui être propre : c’est également à cette cause, qu’il faut rapporter, en grande partie, le développement spontané, ou plutôt l’explosion de l’amour maternel, le plus fort de tous les sentimens de la nature, la plus admirable de toutes les inspirations de l’instinct.

Les observateurs de la nature, qui n’ont pas toujours été des raisonneurs bien sévères, et dont il est d’ailleurs si simple que l’imagination soit frappée et subjuguée par la grandeur du spectacle qu’ils ont sous les yeux ; les observateurs n’ont pas eu de peine à remarquer cette correspondance parfaite des facultés et des fonctions, ou, selon leur langage, des moyens et du but, coordonnés avec intention dans un sage dessein :