Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/535

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interruption, sur les générations successives. Ce seroit peu maintenant que l’hygiène se bornât à tracer des règles applicables aux différentes circonstances où peut se trouver chaque homme en particulier : elle doit oser beaucoup plus ; elle doit considérer l’espèce humaine comme un individu dont l’éducation physique lui est confiée, et que la durée indéfinie de son existence permet de rapprocher sans cesse, de plus en plus, d’un type parfait, dont son état primitif ne donnoit même pas l’idée : il faut, en un mot, que l’hygiène aspire à perfectionner la nature humaine générale.

Après nous être occupés si curieusement des moyens de rendre plus belles et meilleures les races des animaux, ou des plantes utiles et agréables ; après avoir remanié cent fois celles des chevaux et des chiens ; après avoir transplanté, greffé, travaillé de toutes les manières les fruits et les fleurs, combien n’est-il pas honteux de négliger totalement la race de l’homme ! comme si elle nous touchoit de moins près ! comme s’il étoit plus essentiel d’avoir des bœufs grands et forts, que des hommes vigoureux et sains ; des pêches bien odorantes, ou des tulipes