Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/68

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Démocrite avoit senti que l’univers doit s’étudier dans lui-même, dans les faits évidens qu’il présente. Il avoit senti de plus que le cours ordinaire des choses ne nous dévoile pas tout ; que l’on peut forcer la nature à produire de nouveaux phénomènes, qui jettent de la lumière sur l’enchaînement de ceux que nous connoissons déjà, ou l’inviter, en quelque sorte, à présenter ces derniers sous des aspects nouveaux qui peuvent les faire connoître mieux encore. En un mot, il indiqua les expériences comme un nouveau moyen d’arriver à la vérité ; et seul parmi les anciens, il pratiqua constamment cet art qui, depuis, a fait presque tous les succès et la gloire des modernes.

Dans le temps que ses compatriotes le croyoient en démence, il étoit occupé de dissections d’animaux. Pour étudier les procédés de l’esprit, il avoit jugé nécessaire d’en examiner les instrumens. C’est dans l’organisation de l’homme, comparée avec les fonctions de la vie, avec les phénomènes moraux, qu’il cherchoit la solution des problêmes de méthaphysique : c’est sur les facultés et les besoins qu’il établissoit les devoirs ou les règles de conduite. Dans l’impossibilité de se