Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette conversation[1]. Démocrite paroît avoir senti mieux encore les étroites connexions de l’état physique et de l’état moral : et le médecin, en se retirant, jugea que c’étoit aux Abdéritains, mais non point au prétendu malade, qu’il falloit administrer l’ellébore.

Sur quelques résultats qui tiennent à tout ; sur quelques vues isolées, mais qui supposent de grands ensembles ; sur le caractère, le nombre et la gloire de leurs élèves ou de leurs sectateurs, on peut juger que Pythagore et Démocrite furent des génies rares : mais, encore une fois, on ne connoît point, par le détail, leurs travaux et leurs opinions ; on ignore sur-tout quels progrès la philosophie rationnelle fit entre leurs mains. Une grande partie des ouvrages d’Hippocrate nous ayant été conservée, nous ne sommes pas tout-à-fait dans le même embarras à son égard. Comme la médecine et la philosophie, fondues ensemble dans ses écrits, y sont absolument inséparables, on ne peut écarter ce

  1. Les lettres d’Hippocrate et de Démocrite sont évidemment supposées ; mais leur entrevue, attestée par un grand nombre d’écrivains anciens, ne peut guère être révoquée en doute.