Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/84

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rendus aux sciences et à la raison humaine. Il n’a pas toujours atteint le but ; mais il a souvent tracé la route. Personne n’ignore qu’en appliquant l’algèbre au calcul des courbes, il a fait changer de face à la géométrie : et ses écrits, purement philosophiques ou moraux, sont pleins de vues d’une grande justesse, autant que d’une grande profondeur. On sait aussi qu’il passa une partie de sa vie à disséquer. Il croyoit que le secret de la pensée étoit caché dans l’organisation des nerfs et du cerveau ; il osa même, et sans doute il eut tort en cela, déterminer le siége de l’ame : mais il était persuadé que les observations physiologiques peuvent seules faire connoître les lois qui la régissent ; et, sur ce dernier point, il avoit bien raison. « Si l’espèce humaine peut être perfectionnée, c’est, dit-il, dans la médecine qu’il faut en chercher les moyens. »

On peut regarder Hobbes comme l’élève de Bacon. Mais Hobbes avoit plus médité que lu : il étoit entièrement étranger à plusieurs parties des sciences, et ne paroissoit guère pouvoir suivre son maître que dans les matières de pur raisonnement. Mais par une classification extrêmement méthodique, et