Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/85

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une précision de langage que peut-être aucun écrivain n’a jamais égalée, il rendit plus sensibles et plus correctes, il agrandit même et lia par de nouveaux rapports, les idées qu’il avoit empruntées de lui. Sans doute l’un des plus grands sujets d’étonnement, est de voir à quels sophismes misérables sur les plus grandes questions politiques, cette forte tête put se laisser entraîner, en partant de principes si solides et se servant d’un instrument si parfait : et cet exemple du trouble et de l’incertitude que l’aspect des grandes calamités publiques peut faire naître dans les meilleurs esprits, devroit bien n’être pas perdu pour nous dans ce moment.

Depuis Bacon jusqu’à Locke, la théorie de l’entendement n’avoit donc pas fait tous les progrès qu’on pouvoit attendre. Mais Locke s’empare de l’axiome d’Aristote, des idées de Bacon sur le syllogisme. Il remonte à la véritable source des idées ; il la trouve dans les sensations : il remonte à la véritable source des erreurs ; il la trouve dans l’emploi vicieux des mots. Sentir avec attention ; représenter ce qu’on a senti par des expressions bien déterminées ; enchaîner dans leur ordre naturel, les résultats des sensations : tel est, en