Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/116

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par Hippocrate : la pratique journalière les confirme également toutes deux.

On a dit beaucoup trop de mal des épiceries, et de leur usage comme assaisonnemens. Les médecins ont répété mille fois contr’elles, des anathèmes dont l’expérience ne confirme nullement la justesse ; et les mêmes hommes qui ordonnoient à grandes doses, le girofle, la canelle, la muscade, rapprochés dans un petit volume d’opiate ou d’électuaire, se faisoient un devoir d’en proscrire les plus petites quantités, étendues dans un volume considérable d’alimens. C’est encore avec la même déraison, que plusieurs praticiens se sont long-temps obstinés à regarder le sucre comme un aliment dangereux. Mais tandis qu’ils l’interdisoient en substance, ils ne faisoient pas difficulté de l’ordonner largement dans leurs syrops et dans leurs condits.

Il est sans doute très-facile de pousser l’usage des épiceries à l’excès. Alors, elles produisent l’effet de tous les vifs stimulans dont on abuse : elles émoussent la sensibilité générale du système ; elles énervent sur-tout, d’une manière directe, les forces de l’estomac. Mais cet abus, qui produit quelquefois dans les humeurs, certaines altérations