Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/217

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turellement à lui. Il n’avoit pas manqué d’observer qu’en général, les Scythes étaient une race peu sensible aux plaisirs de l’amour. « Les désirs de l’amour se font, dit-il, sentir chez eux, assez rarement, et n’ont que peu d’énergie : aussi ce peuple tout entier est-il peu propre à la génération ». On voit qu’il en étoit des Scythes comme de toutes les hordes errantes, dont la vie est précaire, qui supportent de grandes fatigues, et qui vivent exposées à toutes les intempéries d’un ciel rigoureux, sans qu’une nourriture animale abondante renouvelle constamment leurs corps épuisés. Parmi eux, les gens riches pouvoient se procurer plus facilement de belles esclaves pour leurs plaisirs : ils ne laissoient pas le temps à leurs languissans désirs de se former ; ils devoient donc être plutôt énervés que les autres : rien encore de plus naturel. Les circonstances sociales qui fournissent aux hommes trop de moyens de satisfaire leurs passions, ne nuisent pas moins en effet à leur véritable bonheur, que les climats où la nature semble aller au-devant de tous les besoins, n’altèrent et n’affaiblissent leur énergie et leur activité.