Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/22

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données d’où partirent les différens fondateurs d’ordres religieux, qui, par des pratiques de régime plus ou moins heureusement combinées, s’efforcèrent d’approprier les esprits et les caractères au genre de vie dont ils avaient conçu le plan.

Puisque le régime influe sur la manière d’agir des organes, il doit en effet encore influer sur leur manière de sentir ; et puisqu’il influe sur le caractère des sensations, il est évidemment impossible qu’il n’influe pas sur celui des idées et des penchans. Car, sans parler encore ici des altérations profondes que l’usage de certaines substances peut porter dans toute l’économie animale, on n’a pas de peine à voir que l’état de force, ou de foiblesse, l’état d’inquiétude ou d’hilarité, les dispositions constantes d’organes, tous plus ou moins sympathiques, dont l’action est libre, vive, facile, entière, ou de ces mêmes organes quand leur action devient au contraire embarrassée, sourde, pénible, incomplète, ne peuvent éveiller, dans l’organe spécial de la pensée, qui partage directement leurs dispositions, ou qui les imite bientôt sympathiquement, le même degré d’attention, ni déterminer la même manière