Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/265

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nations civilisées, pour continuer à vivre au milieu des fatigues et des hasards : rien n’est plus vrai. Mais s’ils semblent préférer leur existence pénible et précaire à tous les biens qu’un meilleur état social peut seul garantir, c’est uniquement à la puissance des habitudes, et non point assurément, comme l’ont avancé quelques déclamateurs, à la comparaison raisonnée des deux genres de vie, qu’il faut l’attribuer.

D’un autre côté, il est évident que les habitudes des nations, comme celles des individus, dépendent le plus souvent de la nature de leurs travaux. La grande différence qui se remarque entre les peuples Chasseurs et les peuples Pasteurs, entre ceux qui vivent de pêche et ceux qui cultivent la terre, entre des hordes errantes et des sociétés régulières, attachées au sol qui les nourrit : cette grande différence ne tient-elle pas essentiellement à celle de l’objet et du genre de leurs occupations ? Les mœurs des nations guerrières ne peuvent être celles des nations agricoles ; les navigateurs entreprenans ne ressemblent point à des artisans timides, fixés dans leurs ateliers. Quelle en est la cause ? N’est-il pas sensible qu’il faut la cher-